Interdire les panneaux solaires sur les terres agricoles

Le dilemme : Quel est le gain ?

Est-il rentable d'interdire les parcs solaires sur les terres agricoles ? Solar Magazine aborde ce dilemme avec Jelmer Pijlman (Novar). C'est préjudiciable aux agriculteurs et aux entreprises locales, et cela nuit à la transition énergétique.

Comment avez-vous accueilli la nouvelle en provenance d'Overijssel, à savoir l'interdiction de construire de nouveaux parcs solaires sur des terres agricoles et naturelles ? C'était une surprise totale, et pas seulement pour moi. Mais apparemment, c'était aussi le but recherché. La décision a été préparée dans le plus grand secret. Nous avons deux parcs solaires opérationnels en Overijssel. Comme dans l'ensemble des Pays-Bas, la demande d'énergie renouvelable à Overijssel augmente de manière exponentielle. Les entreprises veulent et doivent devenir plus durables. En Overijssel, en collaboration avec le monde des affaires, nous étudions comment les parcs solaires peuvent y contribuer de manière innovante. Le gouvernement provincial appuie maintenant brusquement sur le bouton "pause". Ce n'est pas une bonne chose pour Novar et le secteur de l'énergie solaire, mais les entreprises locales sont également durement touchées. Les dégâts sociaux sont considérables".

Pourquoi "Ce n'est pas ainsi que nous gouvernons les Pays-Bas, en prenant des décisions en secret et en mettant ensuite les parties prenantes et les partenaires devant le fait accompli". C'est ce qui ressort des nombreuses réactions à cette décision, notamment de la part des municipalités de Deventer et de Zwolle, de l'Association des municipalités néerlandaises (VNG), du Programme national de stratégie énergétique régionale et des coopératives énergétiques locales. Il en résulte de l'indignation et de la méfiance parmi les parties qui travaillent d'arrache-pied à la transition énergétique. Et cette action n'y contribue en rien".

Le conseil provincial d'Overijssel a déclaré que les objectifs en matière de SER seraient atteints grâce aux champs solaires actuels et aux nouveaux champs déjà autorisés: "Si l'on examine les chiffres, cela ne semble pas tout à fait correct. En outre, les plans RES d'Overijssel surestiment la contribution de l'éolien terrestre. Tout le monde sait à quel point ces projets sont difficiles à réaliser. Et Overijssel a récemment adopté des règles plus strictes pour ces projets. En outre, la situation ne s'arrête pas aux SER actuelles.Le plan national du système énergétique (NPE) et le programme de structure principale de l'énergie (PEH) indiquent que la demande d'électricité en 2050 pourrait être 3 à 4 fois supérieure à celle d'aujourd'hui. Il faut donc ajouter beaucoup d'énergie renouvelable. Les projets d'éoliennes en mer peuvent y contribuer, mais ils posent de plus en plus de problèmes financiers. Il en va de même pour l'énergie solaire sur les toits. Vous pouvez dire : nous allons remplir tous les toits de panneaux solaires. Cependant, c'est beaucoup plus compliqué que ce que beaucoup de gens pensent ; les fruits à portée de main ont déjà été cueillis. Cela se traduit par un ralentissement dans ce segment de marché. Dites-moi donc comment Overijssel va réaliser sa transition énergétique".

Il s'agit d'un calcul positif et non d'une bonne réflexion... "Nous ne devrions pas suivre cette voie. Si nous prenons au sérieux notre transition énergétique, nous devrions nous engager à maximiser tous les moyens possibles de produire de l'énergie verte, y compris les fermes solaires. Cependant, ces systèmes sont de moins en moins bien acceptés. C'est en partie dû à l'émotion. Actuellement, ces systèmes ne couvrent que 0,12 % de notre territoire ; moins de 1 % nous permettra d'atteindre nos objectifs. L'impact sur notre paysage reste donc très limité".

Les parcs solaires peuvent en fait contribuer au développement de la nature et à l'augmentation de la biodiversité, comme le prouvent de nombreuses études récentes. Dans la nouvelle génération de parcs solaires, cet aspect est également pris en compte dans la conception. Et tout le monde sait que les agriculteurs sont en difficulté. Vous pouvez défendre leurs intérêts, mais en interdisant les parcs solaires sur les terres agricoles, vous les privez en fait de la possibilité d'exploiter une autre source de revenus ou une source supplémentaire. Nous avons déjà de très bons exemples de fermes agricoles, horticoles et d'élevage où les parcs solaires ajoutent de la valeur à l'activité agricole. De ce point de vue également, la décision d'Overijssel est incompréhensible. De plus, elle freine l'innovation dans notre secteur.

L'absence de panneaux solaires sur les terres agricoles signifie également l'absence de systèmes agri-pv. Ceux-ci sont actuellement en plein essor. La combinaison des panneaux solaires et de l'agriculture est très prometteuse. L'agriculteur peut continuer à produire des denrées alimentaires tout en produisant de l'électricité verte. Il s'agit donc d'une opportunité de rendre son exploitation agricole plus résistante à l'avenir, de la diversifier et de l'exploiter de manière moins intensive tout en garantissant ou en augmentant ses revenus. Le secteur agricole devrait saisir cette opportunité".

À l'épreuve du temps

"L'énergie solaire sur les terres est une occasion d'assurer l'avenir de votre entreprise agricole : diversifier, exploiter de manière moins intensive et sécuriser, voire augmenter, vos revenus." - Jelmer Pijlman

Comment évaluez-vous les chances que la politique d'Overijssel s'étende à d'autres provinces ? C'est un thème que l'on retrouve dans de nombreux accords administratifs provinciaux, en particulier lorsque le BoerBurgerBeweging (BBB) et le CDA font partie du conseil d'administration. Ce sont les soi-disant partis des agriculteurs. Mais en interdisant les panneaux solaires sur les terres agricoles, ils ne rendent pas service à leurs partisans. Il en va de même pour le groupe d'intérêt LTO, qui fait pression en ce sens dans son lobby. C'est très dommageable pour notre transition énergétique. N'oublions pas non plus que les parcs solaires sont essentiels pour rendre notre industrie durable. Nombre de ces entreprises doivent et peuvent s'électrifier pour devenir plus durables. Cela nécessite une source fiable, de préférence locale, d'énergie verte. En outre, il faut avoir la certitude que les prix de l'électricité sont acceptables et fixes à long terme. Compte tenu de leur histoire récente, les Pays-Bas veulent être très indépendants sur le plan énergétique. D'autant plus que nous n'utilisons plus le gaz de Groningue. Les parcs solaires, en particulier, peuvent faciliter tout cela.

Article de Marco de Jonge Baas, publié dans le magazine Solar.